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1805 : Henri Louis Pernod installe la première distillerie d'absinthe à Pontarlier.
1915 : L'absinthe est frappée d'interdiction en France.
1984 : Le Musée municipal de Pontarlier inaugure la première exposition importante consacrée à l'absinthe et à son histoire.

Voilà en trois dates résumée l'histoire pontissalienne de l'absinthe qui, de produit de consommation courante est passée au rang, d'ailleurs fort apprécié sinon envié, des objets de collection.

     
Crédit photo AMP

Mais c'est là un raccourci fulgurant qui n'a d'égal que les quelques lignes que lui consacrent les dictionnaires et encyclopédies, aumône consentie à un produit qui sent encore le souffre, la misère et la folie.

Et pourtant, c'est oublier plus d'un siècle de vie pontissalienne : l'histoire de l'absinthe, c'est effectivement une partie de l'histoire de Pontarlier au XIXème siècle, de son histoire économique, quotidienne , politique. L'absinthe à Pontarlier, c'était une vingtaine de distilleries, plus de trois mille personnes travaillant à son service et dix millions de litres d'absinthe livrés au monde entier, colportant ainsi aux quatre coins du globe le nom de cette petite ville française perdue à la frontière franco-suisse.
C'est, au début du siècle, 111 bistrots, cafés et bois-debout pour une population de quelques huit milles âmes et surtout pour les dix mille artilleurs qui viennent régulièrement faire des exercices de tir aux alentours de Pontarlier en ignorant que ces tertres qui supportent leurs cibles sont des tombes de l'âge du Fer, vieilles de plus de 2000 ans ! Ce sont aussi les défilés du Tir d'honneur, clinquants et ronflants, qui clôturent les exercices de tir d'artillerie, les bals où les vareuses militaires de drap rêche froissent en mesure les mousselines des petites provinciales qui rêvent, sans doute, sur une valse de Strauss, peut-être !
Distillerie pernod
  Au-delà de l'habitude, du phénomène, de la mode, l'Absinthe représente pour Pontarlier une tranche de son histoire à tel point que les historiens locaux n'hésitent pas à parler des Années d'Absinthe.

Plus de soixante dix ans après son interdiction, l'absinthe fait à nouveau rêver et l'on parle maintenant plus volontiers de la Fée Verte.
Le temps a effacé bien des choses et les querelles qui avaient accompagné l'interdiction de l'absinthe sont aujourd'hui oubliées comme l'avait été l'absinthe elle-même. Et, si querelle il y a maintenant, c'est plutôt à propos de la résurrection de l'absinthe, de la mise au point et de la commercialisation de produits dérivés de l'absinthe qui en ont la couleur, le goût, la coloration, mais pas la teneur en alcool ni en thuyone.

Après ses années de purgatoire, la voilà qui revient donc au goût du jour ; mais elle a abandonné les bistrots et les estaminets pour envahir les musées, les salles des ventes et faire tourner la tête des collectionneurs ! Le Musée de Pontarlier consacre une partie relativement importante de ses salles permanentes à l'évocation de l'absinthe et de son histoire et propose assez régulièrement des expositions temporaires sur ce thème.
Joël GUIRAUD
 
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